Vies de Sorcières – Celia Rees

SYNOPSIS

364 pages – 12€ – Paru en 2003
Seuil Jeunesse

C’est à la lecture du journal d’une sorcière qu’Agnes Herne, jeune Indienne Mohawk, comprend qu’il lui faut retrouver la trace de Mary, disparue trois siècles plus tôt, et dont le destin est étrangement lié au sien. Avec l’aide de tante M., au lac Miroir, dans la loge de sudation, Agnes n’est plus Agnes, ni Karonhisake, Celle qui scrute le ciel… elle est Anglaise, s’appelle Mary et fuit pour sauver sa vie…

Et Mary nous conte sa propre histoire, celle d’une adolescente fugitive recueillie par Geai et Aigle Blanc, celle d’une femme acceptée par la tribu sous le nom d’Yeux de loup, femme de Geai, mère de Renard Noir et d’Oiseau Moucheté, et qui verra sa famille et son peuple d’adoption massacrés par l’homme blanc…


Saga Journal d’une Sorcière


MON AVIS

Souvenez-vous : Journal d’une Sorcière, premier tome de la duologie de Celia Rees avait un format particulier. Le livre était présenté comme un recueil des « Manuscrits de Mary », textes découverts par une certaine Alison Ellman. Celle-ci y faisait un appel aux témoignages pouvant aider ses recherches sur notre protagoniste, Mary Newbury.

Dans Vies de Sorcières, l’auteure met en exergue ce petit détail qui avait entouré de mystère la bouleversante histoire de Mary. Histoire qui reprend son cours là où le lecteur l’avait quitté, et qui est enrichit d’un nouveau point de vue : celui d’Agnes, jeune Indienne Mohawk à notre époque. Agnes a, tout comme le lecteur, dévoré le journal de Mary, et il se trouve qu’elle a peut-être de quoi aider Alison Ellman à retrouver la trace de Mary dans l’Histoire.  

Deux destins s’entremêlent alors à travers le temps. Passé, présent et futur forgent un lien mystique entre nos deux héroïnes, qui souligne la trame de l’histoire.

Autant dire qu’à l’instar du premier tome, la « mise en scène » du livre immerge le lecteur, et la plume de Celia Rees l’emporte dès les premières pages. L’auteure gâte le lecteur et défait des nœuds scénaristiques posés en début du duologie.

Les différents thèmes abordés – le partage entre deux cultures, les différentes dimensions de la foi, la loyauté, la famille, la perte, le chagrin, la volonté, la tolérance – font de ce roman un support intelligent du divertissement, porteur ici de beaux messages d’espoir. La Nature est, quant à elle, contée avec poésie et justesse.

Une histoire finement structurée entre rebondissements, émotion, suspense, rencontres magiques et moments de communion avec la nature.


LA CITATION

– Mais alors, où irons-nous ? demanda Renard Noir, qui avait du mal à contenir son impatience.

– C’est à chacun de décider, répondit Feu d’étincelles. C’est dur de quitter la terre où l’on est né, où sont nés vos grands-pères et les grands-pères de vos grands-pères. Je croyais que ce serait également la terre de mes enfants et des enfants de mes enfants, mais il n’en sera pas ainsi. Nous sommes déracinés comme les arbres dans la forêt. C’est comme si un grand vent nous arrachait de notre sol.

Ses yeux devinrent mornes comme des noix de la saison précédente. Il s’accroupit, les coudes sur les genoux, la tête posée sur les avant-bras, et resta longtemps immobile. Puis il se leva et nous quitta sans mot.

Journal d’une Sorcière – Celia Rees

SYNOPSIS

Éditions du Seuil – 269 pages – 14,90 € – Paru en 2002

Mars 1659. Après l’exécution publique de sa grand-mère, condamnée pour sorcellerie, Mary s’embarque pour le Nouveau Monde – l’Amérique – afin d’échapper au même triste destin. Un interminable voyage commence à bord de l’Annabel, voyage dangereux s’il en est pour la jeune Mary qui doit faire face aux regards des colons puritains embarqués à ses côtés. Promiscuité, découragement, superstition, mais aussi amitiés et amours naissantes font le quotidien de la jeune fille, livré à son journal.


MON AVIS

Ne vous attendez pas à une histoire fantastique, ici vous ne rencontrerez ni créatures magiques ni jeune femme aux pouvoirs extraordinaires. Quoique le courage et la modernité de Mary peuvent tout à fait être qualifiés d’extraordinaires. Notre protagoniste évolue dans la difficile époque du 17ème siècle, et porte l’étiquette malheureuse de « sorcière ». L’ouverture du roman se fait d’ailleurs sur sa fuite de l’Angleterre vers l’Amérique suite à la mort de sa grand-mère, brûlée vive par les habitants de leur village, en remerciement de ses bons services de guérisseuse.

Une rencontre pleine de mystère conduit Mary sur le bateau qui la mettra en sécurité, du moins pour un temps. Rencontre cependant trop mystérieuse pour le lecteur qui n’aura tout au long de sa lecture aucun indice croustillant !

Sous forme de journal intime, ce sont les scènes de vies de Mary qui défilent, depuis la traversée de l’Atlantique jusqu’à son installation dans une Amérique en pleine conquête des terres indiennes. Mary doit s’adapter au monde qui l’entoure fait de croyances, de mœurs et de superstitions archaïques pour le lecteur et encore plus pour Mary qui se définit comme une femme moderne autrement dit une sorcière. Roman à la fois historique et d’actualité.

Le format qui entoure le roman est tout aussi intéressant : un prologue qui nous explique comment ce dit journal aurait été retrouvé et une adresse mail en fin de livre pour communiquer toute information complémentaire sur les personnes citées dans ce récit, n’en est pourtant pas un vrai ! On peut le sentir de par l’écriture poétique et romancée de Celia Rees.

Un bout de vie passé aux côtés de l’attachante Mary qui se poursuit dans le second tome de cette duologie à travers les recherches d’une jeune femme descendante indienne de notre époque, suite à sa lecture du journal de Mary.


LA CITATION

Il a brandi sa moitié de pièce.
« Ceci sera un signe. Un jour les deux moitiés seront réunies. Tu as ma parole. Je ne t’oublierai jamais, Mary, et je tiens toujours parole. »