Toujours en quête d’aventures extravagantes, le prince Florizel et son compagnon, le colonel Geraldine, rencontrent un soir un étrange jeune homme qui les convie à une soirée du Club du suicide. Les deux amis découvrent avec horreur et fascination un diabolique jeu de cartes où le seul gain est la mort…
MON AVIS
Dans ce recueil de nouvelles, Robert Louis Stevenson nous présente les trois premiers récits de ses « Nouvelles Mille et Une Nuits » plus occidentales qu’orientales dans le fond mais pas dans la forme.
De prime abord, le début de chacune de ces trois nouvelles nous laisse croire qu’elles sont indépendantes mais pourtant elles sont plus que liées et suivent finalement, par des perspectives différentes, les grandes lignes de la même histoire.
Un conte labyrinthique à suspense captivant, abordant autant de thèmes fascinants que sont le goût de l’aventure, l’exaltation, l’ennui, la mort, la vengeance et ses limites, le hasard, la justice, ou encore l’honneur.
L’inextricabilité du récit va au-delà des différents points de vue narratifs avec une mise en scène alambiquée, un découpage des tenants et aboutissants qui transporte le lecteur dans un jeu de résolution de mystères à travers Paris et Londres.
LA CITATION
Silas Q. Scuddamore avait un certain nombre de défauts somme toute respectables, mais la délicatesse ne l’empêchait pas de s’y abandonner de bien des façons assez discutables.
« Lorsque Gregor Samsa s’éveilla un matin, au sortir de rêves agités, il se trouva dans son lit métamorphosé en un monstrueux insecte. Il reposait sur son dos qui était dur comme une cuirasse, et, en soulevant un peu la tête, il apercevait son ventre bombé, brun, divisé par des arceaux rigides, au sommet duquel la couverture du lit, sur le point de dégringoler tout à fait, ne se maintenait que d’extrême justesse. D’impuissance, ses nombreuses pattes, d’une minceur pitoyable par rapport au volume du reste, papillonnèrent devant ses yeux. « Qu’est-il advenu de moi ? » pensa-t-il. Ce n’était pas un rêve. Sa chambre, une vraie chambre humaine quoiqu’un peu trop petite, était là, paisible entre les quatre murs familiers… »
MON AVIS
Imaginez un conte à l’envers : les sœurs de Cendrillon finissent par épouser le prince et toutes les deux qui plus est ! C’est exactement ce qui arrive à notre pauvre Gregor, déjà frappé de beaucoup de malchance mais qui continuera malgré tout à garder sa bonté cendrillonesque.
Une ambiance sordide, des personnages des plus répugnants, que ce soit physiquement ou psychiquement. La seule lumière du récit vient de la bonté sans limite du fils dévoué transformé en infecte vermine. Une nouvelle fantastiquement réaliste qui s’ouvre sur cette métamorphose qui n’aura de réelle explication car la métamorphose principale n’est peut-être pas la plus évidente aux yeux du lecteur. Les trois âmes vampiriques, traitres et cruelles que représente sa famille, sont à l’origine de cette carapace de coléoptère que se forge malgré lui Gregor. Celui-ci va découvrir leur vrai nature grâce à sa nouvelle condition d’indésirable isolé, enfermé et déconsidéré. Qui sont finalement les vrais parasites dans la vie de Gregor ?
Un terrain très vaste d’interprétations puisque la nouvelle en compte plus de 130 officielles, qu’elles soient métaphoriques, sociétales, psychologiques ou encore freudiennes au grand dam de Nabokov et Kafka lui-même considérant la psychanalyse comme une « erreur sans recours » détruisant l’âme et la beauté de l’art. Un sujet supplémentaire donnant de quoi débattre aux lecteurs qui pourront ici trouver l’interprétation qui les touche le plus.
Dans cette édition, la postface de Nabokov est une jolie surprise de spontanéité et d’impudence à travers son analyse personnelle de l’œuvre en tant que professeur. Il aborde notamment de façon captivante la frontière entre réalité et fantastique, où commence-t-elle et surtout par les yeux de qui.
Un conte moderne poétique sans rimes ni métaphores criantes, dans un espace-temps triptyque à la rythmique hypnotisante.
LA CITATION
Et déjà les deux jeunes filles traversaient l’entrée dans un bruissement de jupes – comment la sœur avait-elle donc fait pour s’habiller si vite ? – et ouvraient la porte de l’appartement à toute volée. On ne l’entendit pas claquer en se refermant ; sans doute l’avaient-elles laissée ouverte, comme cela se produit toujours dans les demeures où vient d’arriver un grand malheur.
Mane, alias le Marchand de sable, a fait voler en éclats toutes les certitudes de Nola. Passant des rêves à la réalité, l’homme qui hantait ses cauchemars lui a révélé l’existence d’un monde peuplé de dieux aux pouvoirs incroyables. Un monde dans lequel elle aurait été la déesse de la nuit et lui celui de la lune. Un monde où ils se seraient aimés avant qu’elle ne le trahisse…
Alors qu’ils succombent de nouveau et que Mane choisit d’oublier sa haine, il pourrait voir ses espoirs se briser et son coeur avec. Sera-t-il suffisamment fort pour supporter les nouvelles épreuves ou laissera-t-il son âme s’obscurcir davantage ?
Et si derrière l’histoire d’amour de Mane et Nola se cachait des enjeux qui les dépassent ?
MON AVIS
Le prologue nous replonge immédiatement dans cette histoire addictive entre monde réel et mythologie nordique. Mythologie plus exploitée que dans le premier tome et qui se fond parfaitement dans le récit ; les références ne sont pas expliquées comme dans un cours que donnerait Sol à Nola mais la compréhension reste claire pour le néophyte, notamment grâce au petit lexique fourni.
Une suite et fin avec des enjeux différents et qui tient ses promesses. On découvre en Mane un personnage dans toute cette paradoxalité promise du premier tome. Quant à Nola, elle jongle habilement entre quête d’identité et prophétie funeste. Ce récit plein d’action a quelque chose de Magnus Chase (Rick Riordan), la new romance en prime.
Gaïa Alexia manie à merveille l’art du prologue mais ce dont vous ne vous doutiez pas c’est qu’elle est également la reine de l’épilogue ! De quoi finir le roman en beauté !
Le duo piquant Ella–Kyle si plaisant dans le premier tome nous manque un peu, mais l’histoire ne semble pas terminée pour ces deux personnages plein de potentiel. Il y a comme une envie de spin-off dans l’air ! (Ceci est une demande non déguisée).
Le petit plus : un clin d’œil à Baby Random, autre série de l’auteure, est malignement intégré dans le récit, juste de quoi donner l’eau à la bouche aux futurs lecteurs.
LA CITATION
Cette sensation de n’exister que pour cet instant est propre à ce monde. J’ai le sentiment d’enfin retrouver l’homme à qui j’ai donné mon cœur il y a bien longtemps.
Emerson, la fille adoptive de la riche famille Kessler, a tout ce qu’elle a toujours rêvé d’avoir : des amies fidèles, un dressing de la taille d’un studio, et un fiancé qui va bientôt lui offrir un mariage de princesse. Pourtant, à quelques mois de la cérémonie, une lettre accapare toutes ses pensées, l’empêchant de se concentrer sur les préparatifs. Alors que Noël approche, Emerson quitte sa Californie natale. Destination le froid du Montana, pour un voyage à la recherche de ses origines qui pourrait bien lui réserver des surprises inattendues. À commencer par ce cow-boy à l’allure de mannequin qui semble en connaître plus qu’elle sur son passé ! Une romance de Noël à savourer au coin du feu, ou partout ailleurs !
MON AVIS
Phoenix B. Asher nous offre une romance de Noël dans laquelle on peut sans soucis se plonger à toute époque de l’année !
Les chapitres sont courts et donnent une dynamique de lecture agréable, cette rythmique parfaite se ressent aussi dans les évènements et la narration. Le tout, très bien écrit, se dévore.
L’alternance entre les points de vue des deux personnages apporte un véritable plus à l’histoire. L’héroïne est sans conteste Emerson, mais Sage n’est pas laissé de côté et devient plus qu’un personnage secondaire. Emerson et Sage ont une psychologie bien établit dès le début du roman, et leur évolution est tangible. Un duo que l’on aurait grand plaisir à retrouver !
Le Montana, terre des origines d’Em, est d’ailleurs un personnage à lui tout seul, d’autant plus quand les conditions météorologiques influent sur le déroulement de l’histoire. À peine quelques pages de lues et le lecteur ne serait pas étonné d’ouvrir sa porte sur de magnifiques pins enneigés.
Quelques clichés pointent le bout de leur nez mais cela fonctionne parfaitement car bien amenés et dosés, puis avouons-le c’est ce que l’on adore dans les romances de Noël !
LA CITATION
Alors que je marche en direction de la voiture, je lève les yeux vers les étoiles. J’ai l’impression de contempler les fragments de mon âme qui a éclaté il y a quelques instants dans ce chalet, déchirée entre la Californie et le Montana.
Hugo & Cie – 314 pages – 17 € – Paru en 2019 Prix de la meilleure New Romance française 2019
Nola Nott a tellement dû croire à la légende du Marchand de Sable lorsqu’elle était enfant que, des années plus tard, il hante ses cauchemars. Précédé de papillons rouge sang et semant du sable derrière lui, Nola le sent, il n’attend qu’une chose : s’en prendre à elle. Pour l’éviter, elle se plonge dans ses cours jusque tard dans la nuit, notamment dans ceux de mythologie nordique, cette matière qui lui donne tant de fil à retordre. Tant qu’elle est éveillée, tout va bien pour Nola, mais que se passerait-il si rêve et réalité se confondaient et que l’homme de ses cauchemars apparaissait au détour d’une rue ?
Aux heures les plus sombres, se joue une course poursuite digne de la cavalcade de la lune en pleine nuit.
MON AVIS
Entrée en scène pleine de mystères pour notre premier personnage et non des moindres, Mane, qui se trouve dans une situation plutôt délicate… Un prologue réussi qui nous précipite au cœur de l’intrigue. Puis on passe aux premiers chapitres, narrés par Nola, qui comme nous, curieux lecteurs, aimerait en savoir un peu plus sur ce marchand de sable ! Le suspense est au rendez-vous et Gaïa Alexia nous réserve encore des surprises !
Une jolie touche d’humour rythme ce page-turner plein d’originalité dont la construction du récit alterne entre passages rêvés et réalité avec finesse. Le cadre mythologique qui entoure la romance est habilement amené et enrichit l’histoire. Ajoutez à cela une double narration bien menée et le tout donne une vision assez cinématographique du roman.
Les fondements et pluralités de l’intrigue sont soignés, logiques et bien construits. Tout comme les personnages complexes, intéressants voire même torturés, dont on a hâte de mieux connaitre les rouages.
A l’instar de quelques petites conclusions rapides, Gaïa Alexia nous donne au fil de la lecture quelques indices, mais termine le livre à deux doigts de la révélation, un vrai supplice ! De quoi tout de même garder le lecteur accroché sans le laisser totalement sur sa faim. Encore plein de questions qui donnent matière à la suite, mieux vaut avoir le second tome sous la main !
LA CITATION
Tu es à moi, déesse, à personne d’autre. Et ce tant que le temps lui-même existe, tu entends ? La lune et la nuit, depuis toujours.
On a effacé sa mémoire, mais l’amour ne s’oublie pas.
Suite à une altération de mémoire, Séra, au service de son créateur, tombe amoureuse de celui qui a été conçu pour être son âme sœur. Mais ses sentiments pour son premier amour ressurgissent progressivement. Prise dans ce triangle amoureux, écoutera-t-elle son cœur ou sa raison ?
MON AVIS
La saga Inaccessible de Jessica Brody ne se sera pas départie de son statut de page-turner et encore moins de cette délicieuse façon de nous surprendre, jusqu’à la dernière page. Avec le revirement de situation du prologue d’Inaltérable, le chemin que tendait à prendre l’histoire change complétement. Une bonne manière de stupéfier le lecteur qui pensait déjà savoir ce qui allait arriver.
L’auteure joue dans le détail, on peut retrouver ce côté interconnecté que l’on aime tant chez Harry Potter : des éléments du premier livre se révèlent d’une importance capitale pour le dénouement du récit. Aucun des tomes ne se ressemblent schématiquement parlant ; un cocktail riche en rebondissements, le lecteur passe par toutes les émotions au fil de sa lecture.
Un rappel subtil et efficace des personnages et des évènements précédents, si vous avez fait une pause entre les tomes. Jessica Brody soigne également une technologie et un vocabulaire futuriste intéressants et plausibles.
Séra et Zen, plus qu’une histoire d’amour hors du commun c’est aussi une quête d’identité à travers l’impact de la technologie et l’ère robotique. Une aventure SF inédite avec une héroïne exceptionnelle et un dénouement d’une surprenante justesse.
Jessica Brody dévoile des éléments clés jusqu’à la dernière minute, ce qui fait toute la palpitation et le suspense du livre. Un final plein d’espoir qui laisse nos personnages aux portes d’une nouvelle aventure qu’on aurait hâte de lire !
LA CITATION
– Tu ne m’as jamais regardé comme si j’étais un inconnu. C’est comme ça que j’ai su qu’ils ne pourraient jamais gagner.